samedi 15 février 2014
"Le Penseur" et les horlogers
lundi 25 novembre 2013
Luxe et Patrimoine historique
Les marques : patrimoine en danger ?
L'univers des publicités du luxe fait toujours appel à un imaginaire historique européen (actrice française, Paris, tour Eiffel, planeur des frères Wright, touche exotique du colonialiste, intérieur d'hôtel particulier ...)
Petite histoire du luxe et naissance des marques :
jeudi 12 janvier 2012
Lapidaires et diamantaires du Haut Jura
Le maillon manquant des manufactures horlogères
La naissance de l’horlogerie suisse liée à l’arrivée du réformateur Jean Calvin, a fait parler d’elle. Alors que les huguenots viennent peupler Genève pour en faire une grande cité, l’histoire des genevois catholiques fuyant l’austérité calviniste est rarement évoquée. Parmi ces catholiques, se trouvaient des tailleurs de pierres précieuses appelés lapidaires.
Genève :
Ainsi dans un premier temps, il s’agit du maillon manquant à l’histoire des genevois. Au XVIème siècle, la ville du bout du lac est un carrefour européen. Draperies et orfèvres des Flandres affluent en quantité, les premières horloges apparaissent avec les serruriers germaniques, alors que l’or et l’argent arrivent des Amériques par l’Espagne. Les mets de la gastronomie française, se négocient tout proche en Bourgogne et dans les foires de Champagne. Enfin, épices en tout genre et pierres précieuses affluent d’Orient via Venise. Il se développe une certaine prospérité, profitant au clergé, aux riches marchands et bourgeois de la cité.
Inutile de préciser qu’en 1533, Calvin va bouleverser ce mode de vie. En peu de temps, Genève s’impose en Rome protestante. Cette histoire, beaucoup la connaissent et tous les horlogers la racontent. L’austérité liée à l’extrémisme religieux nuit gravement au principal péché des genevois : la luxure. Alors joailliers s’associent aux horlogers. Les pierres ornent les montres, objets utilitaires avant tout. D’autres refusant d’abjurer leur religion, quittent la cité, entraînant avec eux des lapidaires. Ainsi, bijoutiers, horlogers et lapidaires catholiques se retrouvent unis sur les routes de l’exil.
Haut Jura, la terre propice :
Alors que Genève devient la championne du protestantisme, Saint Claude dans ses montagnes, reste un haut lieu de pèlerinage catholique. C’est tout naturellement que les immigrés catholiques genevois, prennent la voix du Jura, fuyant l’austérité calviniste. Entre 1550 et 1650, l’immigration des genevois participe à l’une des grandes périodes de peuplement du massif.
L’artisanat local de tournage sur bois pour la fabrication de petits objets de piété, fait des hauts jurassiens des gens très minutieux. Cela constitue un terreau fertile pour l’horlogerie qui se répand facilement. Et avec elle, toutes les activités annexes comme le lapidaire.
La révocation de l’édit de Nantes donne un coup de pouce supplémentaire à la profession, jetant de France la majorité des membres de la corporation des lapidaires-diamantaires, composée essentiellement de juifs et de protestants. Bon nombre d’entre eux viendront se réfugier à Genève, redynamisant ainsi l’activité lapidaire du Jura, restée très liée à Genève et ses horlogers. C’est ainsi qu’en 1670 l’aventurier protestant Tavernier, joaillier de Louis XIV, vient s’établir à Aubonne au pied du Jura. C’est à lui que l’on attribue la découverte de l’un des plus célèbres diamants du monde, le Hope que l’on retrouve quelques siècles après, dans le film Titanic.
En 1704 le bâlois Nicolas Facio donne de nouvelles perspectives aux lapidaires jurassiens. Il invente le contre pivot de montre en rubis. Suite à cette découverte, en 1712 Joseph Guignard devient le premier lapidaire de la Vallée de Joux qui comptera jusqu’à 50 pierristes en 1749.
Parallèlement, en 1735 un dénommé Michaud taille des pierres à Lamoura, petit village en continuité de la Vallée de Joux, coté français. Pourtant les premiers lapidaires du Haut Jura n’arrivent pas de la Vallée de Joux. Ils viennent du pays de Gex en remontant la vallée de la valserine.
Au siècle des Lumières les philosophes aident au développement de l’activité. Rousseau conduira une colonie de lapidaires, du pays de Gex jusqu’en Perse. Quand à Voltaire à Ferney, il pose beaucoup de problèmes aux horlogers genevois en créant sa manufacture royale. Ce n’est pas sans raisons que Genève face à cette concurrence, ferme ses frontières, asphyxiant littéralement l’activité horlogère du pays de Gex. Voltaire perd la bataille et les lapidaires continuent leur route sur les pentes du Jura. Ils s’orientent désormais vers Paris et ses joailliers.
C’est à cette période que l’on passe d’un travail salarié à un travail indépendant qui s’exécute désormais dans les fermes. Cette activité annexe devient un complément de revenu pour les paysans durant les longs hivers. Alors que les paysans neuchâtelois fabriquaient des montres derrière leurs fenêtres, les hauts jurassiens taillaient des pierres précieuses.
L’activité se développe et prospère durant tout le XIXème siècle, donnant naissance à des dynasties de négociants lapidaires, tels que les Dalloz à Septmoncel. Les dames s’habillent à la mode parisienne si bien que ce petit village prend le surnom de Paris du Jura. Mais la route n’est pas encore terminée. Les établis rustiques des paysans ne permettent pas de tailler l’ultime pierre précieuse : le diamant !
Eugène Goudard originaire de Divonne cherche justement une activité plus lucrative. Tout en récupérant les techniques de travail des lapidaires, il s’entoure de quelques anversois et apporte les additions techniques nécessaires permettant de tailler cette pierre jusqu’à 140 fois plus dure qu’un rubis. En 1878, il installe sa taillerie aux portes de Saint-Claude dans un village qui porte aujourd’hui le nom de Montbrillant. L’activité diamantaire se développe, proche des cours d’eau qui fournissent l’énergie nécessaire à la taille du diamant. La vitesse de rotation des meules est bien plus élevée que chez les lapidaires. L’arrivé
e des nouvelles idées sociales avec l’industrialisation, favorise la création de nombreux ateliers coopératifs au début des années 1900, laissant une trace encore bien visible de nos jours à Saint-Claude, tant au niveau des idées que sur un plan architectural.
Techniques et inventions, moteur de l’activité :
Les premiers à tailler des pierres seraient vraisemblablement des flamands ou des italiens dés le XVème siècle. Chaque pierre dispose d’une taille faisant ressortir au maximum son éclat. La taille « brillant » avec ses 57 facettes, est la plus rependue. Les angles et les inclinaisons des facettes ont été savamment étudiés des siècles durant par les joailliers.
Comme le prouve la découverte de Nicolas Facio, l’avancée des sciences et des techniques est propice au développement de l’activité. Suite à l’invention du bâlois, le contre pivot de montre en rubis sera produit en quantité dans les différentes vallées du Jura. A la fin des années 1800, le petit village de Lajoux occupe 200 pierristes dans son usine.
Enfin en 1902, un chimiste du nord de la France arrive à reconstituer une pierre disposant des mêmes propriétés que les pierres naturelles. Ces pierres synthétiques vont se diffuser dans le Jura et favoriser l’industrialisation de l’activité. A Septmoncel, Mr Edouard Grossiord en profite pour inventer, un instrument permettant de tailler plusieurs pierres à la fois. Le brevet sera déposé peu de temps après, mais sous le nom de Pernier.
Un savoir-faire en voix de disparition ?
De nos jours l’activité de lapidaires-diamantaires est réduite à peau de chagrin. Ebranlé par deux conflits et la crise de 1929, les jurassiens ne voient plus le lapidaire comme un métier d’avenir. La concurrence accrue des pays à faible coût de main d’œuvre n’arrange rien, d’autant plus quand ces pays se trouvent être les pays producteurs de bruts. Ainsi les centaines de milliers de lapidaires en Thaïlande, au Viêt-Nam et au Sri Lanka, ont eut raison des quelques milliers de lapidaires Jurassiens.
Quand au diamant, une pierre d’un carat taillée pendant plusieurs heures afin d’obtenir les 57 facettes traditionnelles, ne se vend pas assez cher sur le marché mondial pour permettre de payer les heures de l’ouvrier diamantaire jurassien. Les diamantaires sanclaudiens ont ainsi abandonné la taille qu’ils sous traitent désormais, pour ne pratiquer que le négoce des pierres.
Dans ce contexte peu favorable, quelques résistants subsistent. Des artisans limitent les intermédiaires en fabriquant et en commercialisant eux-mêmes leurs produits. Des petites entreprises se spécialisent et utilisent cette longue expérience au profit de la précision, très appréciée des grandes marques joaillières ou les horlogers. D’autres encore ont fait le choix de la diversification comme la société Dalloz à Septmoncel qui produit des pierres synthétiques et des verres saphir pour les montres.
L’activité survie dans le territoire historique des lapidaires jurassiens. Mais pour combien de temps encore ? A l’heure des manufactures horlogères intégrées où l’on trouve émailleurs, graveurs et sertisseurs les uns aux cotés des autres, il reste très rare de rencontrer des lapidaires, même si certaines marques n’hésitent pas à exhiber de vieux établis dans les couloirs de leur entreprise. Sans vouloir réanimer le débat sur la faisabilité d’un 100% « swiss made », il serait en tous cas possible grâce aux lapidaires du Haut Jura, d’imaginer un 100% « manufacturé dans le Jura », participant ainsi à la préservation d’un savoir-faire et d’une tradition, tout en solidifiant la renommée de l’arc jurassien.
Article publié dans le magazine Heure Suisse
mercredi 2 novembre 2011
Viséum, Musée de la lunette
mardi 14 septembre 2010
Musée de la lunette à Morez
Le conservatoir lunetier
Un musée intégré dans sa filière :
jeudi 10 décembre 2009
Exposition du MEG : la Musique dans le temps
Entre ces airs contemporains et la musique traditionnelle, il y a tout un monde. L’exposition du Musée d’Ethnographie de Genève « L’air du temps », propose quelques pistes de réflexion insolites concernant cet univers. La musique apparaît ainsi à la fois comme l’image de la société et le produit de la culture.
Les travaux de recherche de l’ancien conservateur ethnomusicologue du MEG, Constantin Brailoiu, servent de pivot à l’exposition. Les archives sonores qu’il a récoltées tout au long de sa vie, sont venues alimenter le fond d’Archives Internationales de Musique Populaire (AIMP). Remises en état dans les années 80, ces archives sonores sont disponibles sur informatique dans l’exposition mais également chez soi par le biais d’internet. Ces prises de son permettent de découvrir les musiques traditionnelles de tous les pays du monde, du célèbre cor des alpes suisse en passant par la vièle tzigane et les tablas d’Inde.
En plus de cela « L’air du temps » évoque les défis que soulèvent la constitution, la conservation et la valorisation d’archives musicales. Elle aborde également de manière plus large, les grandes questions de l’identité et de la mémoire à l’ère de la mondialisation.
En allant au MEG avant la fin de l’année, la scénographie remarquable de l’exposition « L’air du temps » vous apportera sans aucun doute des réponses à vos questions concernant la musique. Et sur le chemin, n’hésitez pas à faire un détour par les masques africains de l’exposition voisine.
Accès aux archives sonores du fonds Brailoiu : http://www.ville-ge.ch/meg/musinfo_ph.php
Mies Van Der Rohe et l'Architecture Moderne
Au début du XX ème siècle un nouveau courrant artistique voit le jour ; le Modernisme a laissé beaucoup de traces dans l’architecture de l’époque et aussi actuelle. A l’époque il s’agissait d’une réflexion et d’une recherche d’avant garde menée par certains hommes pour résoudre les problèmes de la société future. De ces hommes, les architectes ont eu une grande importance et ont apporté des réponses aux problèmes d’urbanisme lié à l’accroissement de la population. Parmi ces hommes, l’un d’entre eux se nommait Mies Van Der Rohe.
Selon cet allemand qui représentera l’une des figures de proue de l’Avant-Garde berlinoise et européenne, il ne fallait pas que l’architecture moderne se borne à utiliser des matériaux et des techniques de son temps. Sa mission était d’envisager une architecture correspondant aux nouveaux matériaux mais aussi aux besoins des hommes.
En 1927, l’architecte met en place ses préceptes. Imaginez-vous une ville expérimentale, entièrement construite par des architectes de la mouvance moderne et minutieusement choisis par Mies en personne. Une cité construite dans le but de faire accepter les idées de l’Architecture Moderne, d’expérimenter les nouveaux matériaux, au service de ses habitants hypothétiques. Ce quartier fut bel et bien construit lors d’une exposition architecturale dont Mies avait la responsabilité à Stuttgart.
Au sommet de la colline qui accueillait l’exposition, Mies fit construire un immeuble d’habitation long et étroit, qui se distinguait par une construction à ossature d’acier. Ce système constructif, dissociant les parois intérieures de la structure porteuse, devait permettre d’utiliser des cloisons mobiles et donc de faire varier le plan des appartements. Les murs extérieurs étaient construits en blocs de béton. En marge de l’exposition, Mies exposa également son « Espace de verre » qui reprend les principes de son immeuble d’habitation mais avec des parois en verre. On retrouve le mélange de ces deux techniques dans ses réalisations américaines comme le Seagram Building à New York.
L’aspect novateur de cette exposition va se heurter à l’opposition conservatrice de la ville de Stuttgart. La cité, avec ses formes géométriques, dénuées de tout ornement, ses toitures plates et ses murs blancs, suscitera de vives réactions se voyant qualifier de « ville arabe » ou encore de « caserne bolchevique ». Pour les architectes locaux, le pouvoir croissant des modernistes au sein du Werkbund constituait une menace pour la culture et la tradition allemande. Cependant, le radicalisme culturel berlinois avait fait son entrée dans le milieu conservateur de la ville de Stuttgart, et l’exposition eut un succès retentissant. Elle contribua fortement à la percée de Mies qui apparu sur la scène internationale comme l’un des pionniers et théoriciens de l’architecture d’avant-garde.