jeudi 28 mai 2009

Longitude







Pourquoi la Longitude a t-elle été si longtemps un problème ?
Avant de parler du problème de la longitude il faut déjà comprendre ce qu’est la longitude. Et on ne peut parler de longitude sans parler d’abord de latitude. Cette dernière pose d’ailleurs beaucoup moins de difficultés.
Les latitudes sont appelées aussi parallèles. Ces lignes imaginaires ne se rencontrent jamais ; se sont réellement des parallèles. Les plus connues sont le tropique du Cancer, celui du Capricorne et l’Equateur qui dispose du plus grand périmètre. C’est un astronome et cartographe du nom de Ptolémée qui fixa le zéro de latitude sur l’équateur en l’an 150. Il ne l’avait pas choisi arbitrairement, mais en se fondant sur la haute autorité de ses prédécesseurs qui l’avaient établi par expérience en observant les mouvements des corps célestes. Cela nous permet de dire que les latitudes sont fixées depuis l’antiquité par les lois de la nature. Les méridiens de longitude posent beaucoup plus de problèmes puisqu’ils sont totalement arbitraires.
Les longitudes sont aussi appelées les méridiens. Ces derniers partagent le globe comme des quartiers d’orange. Ils courent du pôle Nord au pôle Sud en formant des cercles de diamètres égaux. Chaque méridien converge vers les pôles, ce qui contrairement aux lignes de latitudes, ne les rends pas parallèles. Si les latitudes se fixent en observant la nature, la fixation des méridiens est totalement arbitraire, ce qui constitue le premier problème.
Ptolémée avait décidé de faire passer la longitude zéro par les îles Fortunées, maintenant appelées Canaries. Selon les époques, les civilisations et les régimes politiques, cette ligne imaginaire de référence, passera par les Açores et les îles du Cap-Vert, Rome, Copenhague, Jérusalem, Saint-Pétersbourg, Pise, Paris, Philadelphie entre autres, avant de s’installer à Londres où elle se trouve encore à l’heure actuelle. Le choix de la localisation du méridien zéro est donc une décision purement politique.
La seconde difficulté concerne principalement les marins. Pour se diriger dans les mers et océans du globe, ces derniers avaient besoin d’établir avec précision leur position. Encore actuellement, cette position est représentée par le point de rencontre sur une carte entre un parallèle et un méridien. Tout bon marin digne de ce nom peut établir sa latitude sans trop de peine avec l’aide des éléments célestes. C’est ainsi qu’en 1492 Christophe Colomb, qui avait décidé de ne pas se perdre, suivit toujours la même longitude pour être sûr d’aller tout droit et d’arriver en Inde. Nous connaissons tous le problème qu’il rencontrera finalement sur son chemin…
La mesure des méridiens de longitude se fait en fonction du temps. Pour connaître sa longitude en mer, il faut calculer l’écart de temps entre l’heure qu’il est sur le navire et celle du port d’attache ou d’un autre lieu de longitude connue. Après cela il est facile de convertir la différence horaire en distance géographique. Etant donné que la Terre met 24h pour effectuer une révolution complète de 360 degrés, une heure représente 1/24 de tour, soit 15 degrés. Chaque heure de différence entre le temps sur le navire et celui du point de départ représente donc une avance de 15 degrés vers l’Est ou vers l’Ouest. A l’époque, il était facile d’avoir l’heure exacte sur le navire. Tous les jours, le navigateur remettait sa montre à l’heure, lorsque le Soleil atteignait son plus haut point dans le ciel. Par contre, en ce qui concerne l’heure exacte du port d’attache, les montres n’étaient pas assez fiables pour la conserver.
A l’équateur, où la circonférence terrestre est la plus grande, 15 degrés représentent quelque 1650 km. En termes horaires, un degrés de longitude vaut 4 minutes dans le monde entier, alors qu’en termes de distances, la valeur d’un degrés décroît d’environ 110 km à l’équateur à presque rien aux pôles.
Les erreurs de calculs causaient la mort de nombreux marins, soit par naufrage sur des récifs à cause d’un mauvais positionnement sur la carte, soit par manque de vivre sur le navire qui n’arrivait plus à retrouver son chemin pour rallier la terre ferme.
Pour combattre ce problème, les gouvernements de tous les pays d’Europe votèrent des crédits pour soutenir la communauté scientifique qui semblait être la seule capable de faire évoluer ou de résoudre ce dilemme. Très vite deux écoles se formèrent. La première regroupait les techniciens mécaniciens qui pensaient résoudre le problème par le biais de l’horlogerie. La seconde rassemblait des astronomes et géographes qui pensaient régler le problème par le biais de l’observation des corps célestes. Enfin une dernière école, qui fut très vite marginalisée, apportait des solutions qui relevaient plus de la magie et de la superstition. Cependant à défaut d’autres moyens, de nombreux marins utilisèrent ces méthodes.
Finalement, les récompenses allouées par les Etats, notamment la France et l’Angleterre au XVIIIème siècle, eurent raison de la longitude. Le perfectionnement et les améliorations apportées à l’horlogerie, permirent d’acquérir de plus en plus de précision et la création des chronomètres de marine rendit le métier de marin beaucoup moins dangereux.



« Longitude » de Dava Sobel


En plus d’évoquer le problème du positionnement en mers des premiers grands navigateurs dans son livre « Longitude », Dava Sobel s’est attachée au personnage de Harrison dont elle raconte les déboires liés à sa résolution de solutionner ce problème.
Cette belle histoire entre ciel et mers, permet d’apprendre et de comprendre beaucoup de choses concernant la longitude, la vie sur les vaisseaux militaires au XVIII ème siècle, comment calculer sa position grâce aux étoiles et à quoi servaient les chronomètres de marine utilisés pour la navigation pendant presque deux siècles.Dava Sobel expose le problème de la longitude de manière romancée. Malgré une légère tendance nombriliste anglo-saxonne et quelques problèmes de traduction en version française, ce petit ouvrage que l’auteur définit elle-même comme un récit populaire est pourtant digne d’une étude savante tant les sources étudiées pour sa réalisation sont nombreuses et diversifiées.

couverture du livre