jeudi 26 novembre 2009

Concours de chronomètrie 2009

Le renouveau des concours de chronométrie.

C’est une poignée de passionnés avec la complicité de Cécile Aguillaume, conservatrice du Musée d’horlogerie du Locle, qui a eu l’idée de faire renaitre les prestigieux concours de chronométrie. L’idée, qui semblait utopique au départ, à fait son chemin auprès des professionnels de la branche et va finalement se concrétiser à l’occasion du cinquantenaire du musée des Monts au Locle.
« Cet évènement sera le premier concours international de chronométrie du XXIème siècle » annonce fièrement Mme Aguillaume. En effet, les deux derniers concours restés dans les annales, remontent à 1923 pour le centenaire de la mort d’Abraham Louis Breguet et à 1948 pour celui du canton de Neuchâtel. Ces grands concours internationaux avaient lieu à l’observatoire de Neuchâtel qui avait acquis une grande notoriété dans le monde de la chronométrie, devant ceux de Greenwich en Angleterre, Besançon en France et Genève. Ces institutions scientifiques avaient le pouvoir de certifier la précision des montres en leur attribuant le « label » de chronomètre.
Avec l’arrivée du quartz et la crise qui s’en suivit, beaucoup de ces institutions ont disparu, l’observatoire de Neuchâtel en tête. Mais la montre mécanique ayant trouvé un nouvel essor, pourquoi ne pas relancer les concours ?
Mme Aguillaume est parfaitement consciente que les attentes des horlogers vis-à-vis de ces compétitions ne sont plus les même qu’au XIXème et XXème siècle et pour cette raison elle nous confie que les montres sélectionnées pour le concours doivent être représentatives de la production horlogère actuelle. Ainsi seules les montres bracelets complètes sont acceptées, mettant au rang des vieilleries les montres de poche. Les montres à quartz étant bien évidement pas représentées, les régleurs qui étaient des acteurs majeurs des compétitions de l’époque, auront toujours leur rôle à jouer dans la compétition actuelle, affirme Cécile Aguillaume. Les participants seront les marques et les écoles d’horlogerie ainsi que de simples particuliers, à condition de régler soi-même sa montre.
Pour ce qui est du règlement, la conservatrice nous avoue l’avoir adapté aux normes actuelles tout en essayant de respecter le plus possible l’esprit des règlements d’antan. Ainsi toutes les montres seront jugées selon les critères de la norme ISO 3159, qui est la référence actuelle en matière de contrôle des montres. Mais elles subiront également des épreuves mécaniques. Pour la première de ces épreuves, la montre sera soumise à des champs magnétiques définis selon la norme ISO 764, quant à la seconde, elle à pour but de simuler le porter de l’objet dans des gestes de la vie quotidienne tel que les applaudissements soutenus par exemple.
Si toutes les montres en compétitions doivent être déposées au Musée des Monts au Locle, les contrôles auront lieux dans différentes institutions scientifiques neutres telles que le Bureau du Contrôle Officiel Suisse des Chronomètres au Locle (COSC), l’observatoire des sciences de l’Univers de Besançon et l’institut d’Horlogerie et Création de la Haute Ecole Arc Ingénierie du Locle pour les tests de magnétisme et de microchocs. Ces épreuves auront lieu sur une période de 3 à 4 mois, à la fin de laquelle les montres auront obtenu des notes par catégories, puis une note globale.
Le jury sera pluridisciplinaire et présidé par Michel Mayor, astrophysicien à l’Observatoire de Genève. Un comité d’honneur destiné à soutenir l’organisation et le rayonnement du concours sera présidé par l’astronaute Claude Nicollier.
Les inscriptions pour le concours s’achèveront le 5 septembre et la listes des participants sera rendu publique le 17 septembre 2008 à l’occasion de la journée d’études de la Société Suisse de Chronométrie. Ensuite, les pièces devront être déposées au Musée des Monts pour le moi de mai 2009, avant de commencer les séries de test. Les résultats seront enfin proclamés au début de l’année 2010.

Historique sur les Observatoires

Ces institutions scientifiques ont commencé à voir le jour au XVIIème siècle, lorsque les marines d’Etat telle que celle de la France et de l’Angleterre utilisaient des chronomètres de marine pour calculer la longitude afin de connaître sa position en pleine mer. Les erreurs de calcul et les imprécisions pouvant causer des torts aux navigateurs, des observatoires nationaux ont été créés afin de mesurer la précision des chronomètres de marine. Les Etats proposaient des récompenses astronomiques aux horlogers qui arriveraient à fabriquer le chronomètre le plus précis, mettant au concours tous les grands horlogers de l’époque. C’est ainsi que l’observatoire de Greenwich et de Paris ont vu le jour en 1675 et 1667. Genève dont l’activité horlogère était déjà importante, construisit le sien en 1772 . Tous ces observatoires avaient pour but essentiel de mesurer la précision des chronomètres de marine.
Observatoires de Neuchatel et Grennwich

Suivant le sillage de ces chronomètres, l’horlogerie traditionnelle se lance également à la recherche de la perfection. La précision des montres devient vite le fond de commerce des horlogers qui certifient eux-mêmes leur montre de chronomètre. Mais pour plus de crédibilité, la nécessité d’avoir des institutions scientifiques neutres qui certifient les montres se ressent de plus en plus. C’est ainsi que l’observatoire de Genève s’oriente sur le contrôle des montres dans les années 1840-1850, tout comme Paris et Greenwich. Les montres qui passent les tests reçoivent le « label de Chronomètre » et la précision devient le pilier de la publicité horlogère. Le contrôle des montres étant une activité de plus en plus importante, Neuchâtel met en place son observatoire en 1860. En France, la création d’observatoire et lancé par décret en 1878 et c’est ainsi que celui de Besançon commence son activité de contrôle en 1885. Chaque observatoire dispose de son propre règlement, mais dans l’ensemble on constate une certaine homogénéité. Régulièrement des concours internationaux et nationaux sont organisés. Cela permet la confrontation des différentes marques de l’industrie horlogère. Ces concours font également la part belle aux régleurs qui bichonnaient les montres de concours pendant plusieurs mois avant de les présenter. L’arrivée du Quartz mettant fin à l’hégémonie de la précision des montres mécaniques, les observatoires perdent de leurs importances et certains disparaissent, tout comme les concours de chronométrie.


Article publié en septembre 2008 dans l'édition spéciale du Journal Suisse d'Horlogerie

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